Vascularites d’origine médicamenteuse : à propos de 80 cas - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
Les vascularites médicamenteuses (VM) sont des vascularites d’hypersensibilité affectant principalement les petits vaisseaux. Son diagnostic est complexe vu la similarité clinique et histopathologiques avec les autres étiologies. Devant la difficulté de poser le diagnostic et la gravité potentielle d’une extension systémique en cas de retard diagnostique, l’enquête de pharmacovigilance a une grande importance. Le but de notre étude était d’étudier le profil caractéristiques cliniques des patients ayant présenté une VM et d’identifier les médicaments les plus incriminés.
Matériels et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective, sur une période de 21 ans, concernant les cas de suspicion de VM, notifiés au centre national de pharmacovigilance de Tunis. L’imputabilité médicamenteuse a été évaluée selon la méthode de Bégaud et al. et la gravité selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé.
Résultats |
Nous avons retenu 80 cas de VM. L’âge a varié de 4 à 89 ans avec une moyenne de 52 ans. Les sujets étaient principalement de genre féminin (65 %). Le sex-ratio H/F était 0,63. La plupart de nos patients ont présenté une forme cutanée commune (89 %), une qui se manifestait essentiellement par un purpura vasculaire (76 %). Tandis qu’une vascularite médicamenteuse urticarienne a été observé dans 7,5 % des cas. Les manifestations systémiques ont été dominées par la fièvre (50,8 %), l’atteinte articulaire (25,4 %) et l’atteinte rénale (8,5 %). Une atteinte neurologique à type de neuropathie périphérique et pulmonaire à type de pneumopathie interstitielle ont été retrouvées dans un cas. À l’histologie, un aspect évoquant une vascularite leucocytoclasique a été observé dans 95 % des cas. La recherche des anticorps anti-cytoplasme des neutrophiles (ANCA) s’est révélée positive chez trois patients. Deux patients ont présenté des p-ANCA de spécificité anti-MPO et un patient a présenté des ANCA de spécificité non connue. L’étiologie médicamenteuse a été retenue chez ces patients, après avoir éliminé les principaux diagnostics différentiels tel que les vascularites des petits vaisseaux associées aux ANCA primitives. En outre, la nette amélioration à l’arrêt du médicament et la régression du taux des ANCA, ont été considérées un argument supplémentaire de la causalité du médicament. Les médicaments incriminés étaient le benzylthiouracile (BTU) dans deux cas et l’allopurinol dans un cas. Les trois patients ont présenté une atteinte rénale associée. Parmi les classes médicamenteuses incriminées, nous avons retrouvé les antibiotiques dans 18 cas (22,5 %), les anti-inflammatoires non stéroïdiens dans 14 cas (17,5 %), les antihypertenseurs dans 10 cas (12,5), les antiépileptiques et les anti-TNF alpha dans cinq cas chacun (6,3 %), les antithyroïdiens de synthèse, les immunosuppresseurs, les immunostimulants et les anticoagulants oraux dans trois cas chacun (3,8 %). L’évolution était favorable dans tous les cas où le médicament a été arrêté (90 %). Une récidive après l’administration d’un médicament de la même classe médicamenteuse a été notée dans un cas. Il s’agissait de l’infliximab et l’adalimumab. Les formes graves ont été notifiées dans 15 cas (18,7 %). Les médicaments incriminés dans les cas graves étaient l’amoxicilline et le captopril dans deux cas, le vaccin anti-H1N1, l’allopurinol, le BTU, le piroxicam, le naproxène, le cotrimoxazole, la rifampicine, le lercanidipine et l’ibésartan-hydrochlorothiazide dans un cas chacun. Aucun cas de décès n’a été noté.
Conclusion |
Malgré sa rareté, la VM ne doit pas être méconnue par le clinicien notamment les internistes devant sa possible évolution fatale en cas d’atteinte systémique. Une recherche systématique des atteintes systémiques essentiellement rénales, pulmonaires et neurologiques est une étape primordiale surtout devant la possibilité d’atteintes infracliniques. Les explorations doivent comporter au moins une recherche des ANCA, une évaluation de la fonction rénale, une radiographie du thorax, et un électromyogramme. Au terme de notre étude, nous avons proposé un bilan étiologique standard à réaliser systématiquement afin d’éliminer les principales autres étiologies de vascularites à savoir les maladies auto-immunes, les infections, les hémopathies malignes et les pathologies néoplasiques. Enfin, l’arrêt rapide du médicament incriminé permettra une évolution favorable dans la majorité des cas.
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Vol 45 - N° S1
P. A54-A55 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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